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Comme il est désormais de coutume, le Cinéma Numérique Ambulant vient, en ce début d’année, vous rendre compte de ses activités au cours de l’année écoulée. CNA AFRIQUE
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Le Cinéma Numérique Ambulant Afrique crée le Festival des Identités Culturelles, en abrégé FestIC. La première édition de cet évènement se tiendra à Ouagadougou, Burkina Faso, du 4 au 10 novembre 2018 sous le thème : « Identités culturelles en milieu urbain ».
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Burkina Faso : une année bien pleine !
Avec 231 séances de projections cinématographiques au compteur pour un public estimé à 28 000 spectateurs, 99 micro-trottoirs, 30 séances de formation des leaders communautaires et la production d’un documentaire, le CNA Burkina est assurément celui qui a mené le plus d’activités en 2017.
Avec son partenaire Unicef, l’association créée à Ouagadougou en 2007 a réalisé 82 projections de sensibilisation contre le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines dans le Centre-nord et la Boucle du Mouhoun ; mais aussi 30 séances de formation des leaders communautaires et autant de micros-trottoirs sur les sujets évoqués. Autre partenaire historique, le Catholic Relief Service (CRS). 69 séances sur l’hygiène et la salubrité, ainsi que 69 micros-trottoirs.
Dans le cadre des activités décentralisées entre le CNA Afrique et Africalia, le CNA Burkina a mené 60 séances de projections culturelles, le but étant de promouvoir la culture cinématographique. Deux films burkinabés étaient à l’honneur : « Le poids du serment » de Daniel Kollo Sanou et « Tu me prends pour qui ? » d’Oumar Dagnon.
En juin, avec les CNA du Niger, du Bénin et du Mali, le CNA Burkina a participé à la commémoration des 10 ans du décès de Sembène Ousmane par des projections du film « Sembène ! » de Samba Gadjigo et Jason Silverman, dans le cadre de l’initiative Sembene across Africa. En plus d’accompagner des programmes de sensibilisation de diverses organisations, le CNA a aussi produit le documentaire « Nabasca, sur les traces de nos ancêtres », réalisé par Abdoul Karim Kaboré.
Mali : l’entre-deux
Dans le courant 2017, le CNA a effectué nombre d’activités dans diverses localités à l’intérieur du Mali. Lors des différentes tournées il a été question d’aborder des thématiques en rapport étroit avec les priorités des politiques publiques et des partenaires : les droits de l’homme, l’histoire contemporaine, la protection de la petite enfance, la réduction des décès maternels, néonataux et infantiles, les violences basées sur le genre, la prévention de l’exploitation et des abus sexuels, la promotion culturelle avec des projets comme Ciné Pirogue et Ciné Photo Mobile.
Environ 215 séances de projections et deux courts métrages de sensibilisation sont réalisés, ce qui a permis de réunir autour de l’écran géant plus de 1 600 000 spectateurs. Les populations habitants les milieux les plus enclavés, des zones les plus déconnectées des canaux d’information ont été les premiers bénéficiaires de ces actions.
« Esclavage moderne », un film de Marie Rodet a été diffusé en février à Kayes. Avec Unicef, le CNA a réalisé deux courts métrages de sensibilisation sur l’excision et le mariage d’enfants. Le CNA a aussi participé à une campagne contre les violences basées sur le genre avec 85 séances de sensibilisation à Kénédougou.
Ciné-pirogue : ce programme innovant et romantique a permis à des centaines de personnes habitant le long du fleuve Niger de regarder des films pratiquement les pieds dans l’eau, sur les rives du fleuve, dans le district de Bamako, avec le soutien de l’Ambassade de France.
Le CNA a travaillé avec le Fonds français Muskoka dans 20 villages pour encourager les populations à recourir aux services de santé. Avec L’Unfpa, 46 projections ont été mené en défaveur des abus et de toute forme d’exploitation sexuelle.
Le CNA participe à la 11ème édition des Rencontres africaines de la photographie de Bamako. Du 2 décembre au 31 janvier, il a diffusé, dans six quartiers de Bamako, un diaporama des meilleures photos de la biennale, activité baptisée Ciné photo mobile. Cette sélection d’œuvres de plus de d’une quarantaine de photographes a permis à bon nombre de Maliens d’avoir un aperçu de la biennale.
Sénégal : des actions fortes
Le moins qu’on puisse dire c’est que les activités du Cinéma Numérique Ambulant au Sénégal ont été varié au cours de l’année écoulée. Au total, 105 projections cinématographiques, un festival et six ateliers de formation pour jeune public.
Sa réalisation majeure a assurément été sa participation à la caravane Tekki fii, dont la première tracée sur l’axe sud-est s’est déroulée en octobre et novembre, avec 20 séances organisées à Tambacounda, Velingara, Kolda, Sédhiou et Zinguichor. Le CNA fera le tour du Sénégal avec la Caravane Tekki fii pour une durée de 3 ans, jusqu’en 2020. Pour ce projet, l’association est chargée des approches culturelles. En plus des projections, elle coordonne toute la logistique de la caravane et organise les concerts et toutes les activés liées au passage de la caravane dans les 14 régions.
Casa ciné : c’est le nom du festival que le CNA Sénégal organise depuis 2015. Pour sa 3ème édition l’année dernière, l’Association présidée par Mme Coumba Sarr a mené six ateliers d’initiation pour jeune public aux techniques de réalisation du cinéma d’animation, et 15 projections publiques.
Avec Unicef, le CNA a organisé un ciné-débat contre le mariage d’enfants, l’excision et l’accès à l’état civil de janvier à février à Kédougou. Avec le Comité départemental de protection de l’enfance de Pikine, le CNA a organisé une campagne de lutte contre les pratiques néfastes, et notamment les grossesses précoces et l’excision.
Le film « J’existe » d’Elhdaji Demba Dia a fait le tour de Dakar entre avril et mai sur les écrans du CNA, qui a par ailleurs accompagné plusieurs festivals : Ciné droit libre, le festival Africadoc à Saint Louis et le Festival international du folklore et des percussions à Louga.
Niger : le beau temps après la pluie
Pour le CNA Niger, 2017 a été une année de stabilisation et de multiplication des partenariats et des expériences. L’équipe du CNA Niger s’est rendue à Ouagadougou, Burkina Faso en février pour participer au Festival Panafricain de Cinéma de Ouagadougou, aux côtés des autres CNA.
L’association a renouvelé son partenariat avec UNICEF, UNFPA, CAC UNHCR, OIM et il a noué de nouvelles collaborations avec plusieurs organisations dont la GIZ. Entre mars et juin, le CNA Niger a organisé une tournée de 105 projections sur les pratiques familiales essentielles avec l’Ong CAC international. Puis organisé 4 séances dans le cadre du festival Ciné droit libre et de l’opération Sembène accross Africa.
Avec le programme Résilience et croissance économique au Sahel – Résilience renforcée (REGIS – ER), le CNA a organisé une tournée de neuf projections en août. L’année a été clôturé en beauté par 12 séances) l’occasion du Festival international du film sur la migration. Au total, 138 séances de cinéma organisées en 2017.
Cameroun : des efforts récompensés
L’année 2017 a été quelque peu été difficile pour le CNA Cameroun. Seulement 65 projections sur l’année et près de 20 000 spectateurs. Le CNA a organisé la 2ème Semaine du cinéma brésilien en février avec huit projections pour 1600 spectateurs
Avril : jeux universitaires à Bamenda. Mai : lancement de la 1ère édition du Prix CNA avec quatre films primés, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du festival européen en mai : « Etat civil » de Cyrille Masso, « Prends ma place » de Bako Moustapha, « Ninah’s dowry » de Victor Viyuoh et « Afrique, les métiers de la rue » de Blaise Pascal Tanguy. Août : ciné-vacances à Djoungo.
Entre septembre et novembre, le CNA a organisé une projection d’une quarantaine de femmes en audiovisuel à Kaélé et à Yagoua. A cette occasion, deux films de 15mn ont été réalisés : « Magou » en fufuldé sur l’autonomisation des femmes et « Un garçon à tout prix », en français sur l’égalité des sexes. Ces deux films ont servi de supports de sensibilisation poyr des projections dans 18 villages des départements du Mayo Tsanaga et du Mayo Danay. 34 séances de projections-débats pour 15 000 spectateurs. 22 micros-trottoirs réalisés et un reportage des activités.
En octobre et novembre, le CNA a accompagné le festival l’Oil du Kwatt qui a organisé des projections à Ayos. En décembre, le CNA a participé aux Trophées francophones du cinéma. Six projections à Obala, Mfou, Mbalmayo, Akono, Okola et Soa. Il y a eu aussi une conférence sur le thème : diffusion du cinéma dans l’espace francophone, avec la participation des acteurs importants de la place. Le CNA a aussi participé à un débat sur l’œuvre de Sembène Ousmane en juin, invité par la Société des amis de Mongo Beti.
CNA Bénin
En 2017, le CNA a organisé 47 séances sur les thèmes de la déclaration des naissances, de la santé sexuelle des jeunes ; il a aussi participé à l’évènement Sembène à travers l’Afrique. . Les projections ont réuni environ 16 000 spectateurs
Le CNA Bénin a produit un film, « Mon impôt », portant sur le paiement des impôts et taxes.
La difficulté majeure rencontrée au cours de l'année reste le manque de financements. Avec la crise économique qui n’épargne aucun secteur aujourd’hui, beaucoup de partenaires financiers du CNA Bénin ont vu leur budget restreints. Cela a contribué au manque de financement et au ralentissement des activités.
Cette année commence sous de meilleurs hospices : entre févier à avril, le CNA va poursuivre sa tournée dans 60 lycées et collèges du département du Zou pour 45 projections à exécuter sur la santé sexuelle, avec le soutien de la province de Luxembourg.
Du 7 au 11 février 2018, le Cinéma Numérique Ambulant du Cameroun organise, avec le soutien de l'Ambassade du Brésil, la 3ème édition de la Semaine du cinéma brésilien à Yaoundé.
Durant cinq jours, huit séances de projections-débats sont diffusés dans les établissements scolaires, les centres culturels et les quartiers de la ville. Le meilleur du cinéma brésilien est à l'honneur. Cependant, la première partie des séances est consacrée aux courts-métrages camerounais.
Depuis 2015, le CNA Cameroun organise des Semaines du cinéma brésilien. La première édition s’est ainsi déroulée du 21 au 27 août 2015. La seconde édition s’est tenue du 6 au 12 février 2017, rencontrant un succès certain auprès du public jeune.
Ces deux éditions ont permis aux populations de Yaoundé de découvrir qu’en dehors des telenovelas diffusées par les chaînes de télévision locales, il existe un cinéma au Brésil. Un cinéma fort, ambitieux, de qualité, dont les sujets traités se rapprochent, par bien des points, aux préoccupations que l’on retrouve dans les cinémas d’Afrique noire.
La programmation complète est à télécharger aussi.
Le Forum Itinérant du Cinéma Noir (FICINE) et le Cinéma Numérique Ambulant (CNA) ont organisé, le 3 mars dernier à Ouagadougou, une soirée dédiée au cinéma afro-brésilien. Au programme, la projection de quatre courts-métrages de réalisateurs noirs brésiliens dont le précurseur, Zózimo Bulbul, et un débat sur les relations entre les cinémas d’Afrique et ceux de sa diaspora. Occasion de parler du racisme structurel dont sont victimes les cinéastes noirs dans ce grand pays d’Amérique du sud, et de la résistance qu’ils opposent.
« L’Afrique ne se résume pas à ses habitants du continent », a déclaré Clément Tapsoba, directeur de la communication de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI), citant ainsi Thomas Sankara, président du Burkina Faso au cours d’une visite à Harlem (quartier de New York aux Etats-Unis), dans sa main tendue aux noirs d’Amérique et des Caraïbes en 1984. C’était au cours d’un débat sur les rapports entre les cinémas afro-diasporiques et les cinémas d’Afrique, organisé le 3 mars à Ouagadougou, à l’occasion de la 25ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO) par le Cinéma Numérique Ambulant (CNA) et le Forum itinérant du cinéma noir (FICINE).
La soirée consacrée au cinéma noir brésilien s’est achevée par la projection de quatre courts-métrages. Notamment L’âme dans l’œil (11’, 1973) de Zózimo Bulbul, œuvre inaugurale du cinéma afro-brésilien qui utilise le corps comme un lieu de mémoire pour raconter la traite et de l’esclavage des Noirs jusqu’à leur libération. Mais aussi des films de jeunes réalisateurs : Le temps des Orixás d’Eliciana Nascimento (20’, 2014) qui s’intéresse aux Orishas, divinités issues de la culture africaine avec l’eau comme symbole de la douloureuse séparation entre l’Afrique et une partie de ses enfants. Sur un ton plus léger, Le jour de Jerusa de Viviane Ferreira (15’, 2014), aborde la question de la solitude de vieilles femmes noires en ville. Backyard d’André Novais (20’, 2015) est un film fantastique qui nous mène sur les chemins de l’amour marital et des ambitions, même dans la vieillesse. Kbela de Yasmin Thayná (23’, 2015) aborde la question de l’identité noire à travers le cheveu. Une sorte de résistance pour avoir droit à une beauté naturelle, loin de l’opinion dominante qui veut que le cheveu beau soit bien lisse et non crépu.
Quatre films engagés qui présentent, de façon assez représentative, la production artistique noire au Brésil et qui soulèvent des thématiques différentes : l’esclavage, la mémoire, le passé, la question de l’identité raciale, les croyances, la solitude, l’amour, le quotidien… Mais qui permettent aussi de garder vivante la mémoire et les traditions d'origine africaines dans la culture brésilienne d’aujourd’hui. Fait notable, les personnages de ces films sont presque tous Noirs. Et les films respectent bien le manifeste du cinéma noir brésilien intitulé « Dogme Feijoada », inspiré par le réalisateur Jeferson De en 2000, qui veut que les films soient dirigés par des Noirs, avec des protagonistes noirs, sur des thèmes liées à la culture noire brésilienne, en évitant des personnages stéréotypés ainsi que les super-héros et super-vilains et en favorisant le noir commun.
Lire la suite : Fespaco 2017 : Le cinéma noir brésilien s’affirme
A l’occasion du Fespaco 2017, les CNA Bénin, Cameroun, Burkina Faso, France, Niger, Mali, Sénégal et Togo se sont réunis à Ouagadougou pour célébrer le cinéma, pour la 7ème fois consécutive depuis 2005. Du 26 février au 03 mars, le CNA a installé son village au Maquis le festival à la Cité An III. De l’avis même des festivaliers, la programmation pour cette édition était riche et variée. Avec des rencontres, des débats, des projections de longs et courts métrages tout genre confondus. Le public a ainsi pu découvrir des films récents, inédits en Afrique, porteurs d’engagement.
Quartier lointains et Fespaco off
En ouverture le 26 février, quatre films du programme Quartiers lointains de Claire Diao, dont « Vers la Tendresse » d’Alice Diop, César du meilleur court-métrage. Mais aussi « Le retour » de Yohann Kouam, « Le sens du toucher » de Jean-Charles Mbotti Malolo, « Destino » de Zangro.
Une soirée « Fespaco off » a présenté des films de qualité qui auraient mérité d’être dans la sélection officielle du Fespaco. Notamment « Coup de balai sous le pont » de Nabaloum Boureima, « Vindicte » d’Ange Régis Hounkpatin, « Adama » de Simon Rouby, « Le crayon » d’Adjaratou Ouédraogo et « Walls » de Narcisse Wandji.
Le CNA a aussi organisé une projection en plein air au quartier Gounghin en présence de près de 1000 spectateurs, en partenariat avec Africalia, dont la traditionnelle conférence de presse au Fespaco s’est déroulée au Village CNA.
Soirée Nollywood
Les débats ont été riches en informations, avec des intervenants de qualité. La soirée Nollywood a ainsi réunie Serge Noukoué, directeur du festival Nollywood Week à Paris, Pierre Barrot, directeur du livre collectif « Nollywood : le phénomène vidéo au Nigéria » et Alexie Tcheuyap, universitaire et auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma en Afrique. Cette discussion a été suivie du documentaire « Jimmy goes to Nollywood » de Jimmy Jean-Louis.
Une carte blanche a été offerte à la Cinémathèque Afrique, et Véronique Joo’Aisenberg, sa directrice, a ainsi discuté avec le public du rôle et des missions de cette institution. Des films de son catalogue ont été projetés : une série de 6 court-métrages malgaches, panorama assez représentatif du travail de la jeune génération, et « Pim pim tche », le film burlesque de Jean Odoutan, par ailleurs directeur du festival Quintessence à Ouidah au Bénin.
Cinéma noir brésilien
Après une rencontre pour donner des clés pour l’installation d’un cinéma mobile, le CNA a bouclé sa semaine avec une fenêtre ouverte sur le cinéma noir brésilien. Un débat a permis aux acteurs de s’intéresser aux rapports entre cinémas noirs de la diaspora et cinémas du continent. Autour de la table, Janaina Oliveira, coordonnatrice du Forum itinérant du cinéma noir, Viviane Ferreira, réalisatrice et présidente de l’Association des professionnels de l’audiovisuel noir, Clément Tapsoba, directeur de la communication de la Fédération panafricaine des cinéastes.
Un hommage a été rendu à Zozimo Bulbul décédé en 2016. Il est le réalisateur du film « L’âme dans l’œil », premier film noir brésilien sorti en 1973. En plus de ce film-là, le public a pu découvrir d’autres courts-métrages noirs brésiliens : « Le temps des Orixas » d’Eliciana Nascimento, « Le jour de Jerusa » de Viviane Ferreira, « Bakyard » d’André Novais et « Kbela » de Yasmis Thayna.
A côté de toutes ces activités, le CNA a installé une exposition retraçant l’histoire et présentant le travail des unités mobiles de projection, et animé un stand au MICA. Le Cinéma Numérique Ambulant remercie son public, les médias et ses partenaires : Africalia, le Fespaco, l’Union européenne, l’Institut français, Quartiers lointains, Nollywood week, FICINE, RFI.
Du 9 au 11 juin 2017, le Galle Ceddo Projects, en collaboration avec une cinquantaine d’institutions africaines dont le Cinéma Numérique Ambulant, a mené le projet "Sembene à travers l’Afrique", à l'occasion du 10ème anniversaire du décès de celui qui est considéré comme le père du cinéma africain. Une série de projections publiques gratuites du documentaire "Sembene!", sorti en 2015 et réalisé par Samba Gadjigo (le biographe de Sembène) et Jason Silverman a été organisée. Ainsi, le CNA a réalisé neuf séances de projections-débats qui se sont tenues dans quatre pays : deux (02) au Bénin, Mali et Niger, trois (03) au Burkina Faso.
Au Mali
Les séances se sont déroulé les 10 et 11 juillet à Bamako et à Ségou. A chaque début de séance, une minute de silence était observée à la mémoire de Sembène Ousmane, dont l’évènement marquait les dix ans de son décès à Dakar. Ses mérites sur la scène internationale, artistiquement et littérairement, ont été rappelés au monde venu assister à la projection.
A cette grande rencontre, des invités de marques : des réalisateurs et acteurs comédiens ayant eu la chance de côtoyer ou de travailler avec Ousmane Sembène ont témoigné de sa grandeur d’âme, de son esprit révolutionnaire et de son courage à relever les défis de l’époque dans le traitement des thématiques aussi complexes que comme la gouvernance ou le camp de Thiaroye les rapports Nord-Sud. Les deux séances ont réuni près de 900 spectateurs et la plupart des intervenants ont recommandé la multiplication des initiatives similaires dans le futur afin de faire connaître la vie et les œuvres de celui qui a été à l’origine de la mise en évidence en savoir-faire cinématographique africain et posé les bases du cinéma sur le continent.
Après 2012 où il était présent avec une forte mobilisation de ses membres, le CNA est reparti à Cannes en 2017.
Le samedi 20 mai 2017, Christian Lambert, co-fondateur du Cinéma Numérique Ambulant (CNA) et président du CNA en France, a intervenu à la table-ronde organisée par l’Institut Français sur le thème de la diffusion du cinéma africain en Afrique et dans le monde. C’était au Pavillon des cinémas du monde, au Festival de Cannes.
Outre Christian Lambert, ont participé au débat Stéphanie Dongmo, chargée de communication du CNA Afrique, à partir de Yaoundé par Skype. Le débat était animé par Véronique Joo Aisenberg, directrice de la Cinémathèque Afrique, avec la participation d’Alex Moussa Sawadogo, directeur du Festival Afrikamera en Allemagne, Jean Roke Patoudem, Producteur et Distributeur, Laza, Cinéaste et fondateur de Rencontres du film court de Madagascar et Moussa Touré, cinéaste et directeur du festival Moussa invite...
Aujourd’hui en Afrique, il n’existe pas de véritable industrie du cinéma, excepté en Egypte, au Nigéria et en Afrique du Sud. Les salles ont disparu et de nouveaux circuits ont vu le jour. Quelle place pour le cinéma africain dans ce nouveau contexte? Comment se diffuse-t-il aujourd’hui sur le continent et au-delà? Quels enjeux pour les créateurs et pour l’industrie du cinéma en Afrique?
C’est à toutes ces questions qu’ont réfléchi les participants au débat. Christian Lambert et Stéphanie Dongmo ont parlé du rôle et de l’apport concret du Cinéma Numérique Ambulant dans la diffusion des contenus cinématographiques aujourd’hui dans sept pays africains : Bénin, Mali, Niger, Cameroun, Togo, Burkina Faso, Sénégal.
Pour l’année 2016, le CNA a organisé 1 378 projections cinématographiques et diffusé près de 200 films différents pour un public estimé à 1. 200 000 spectateurs. Un chiffre qui est d’ailleurs en baisse du fait de la situation de crise que traversent plusieurs pays. Le CNA gère 17 unités mobiles de projections qui sillonnent les villes et villages pour rapprocher les cinémas d’Afrique de ses publics.
Nous publions ici par souci de documentation un article de fond sur le Cinéma numérique ambulant paru dans un ouvrage collectif en 2014. Alors que les expériences de cinéma ambulant sont nombreuses en Afrique, historiquement comme aujourd’hui, cet article permet d’en comprendre les enjeux et difficultés à partir de l’expérience d’une initiative d’importance qui s’est imposée dans le paysage de la diffusion des films d’Afrique en Afrique.
ANALYSE DE CLAUDE FOREST, Maître de conférences en économie du cinéma à l'Université Sorbonne nouvelle - Paris 3 et ancien président du CNA en France.
Le contexte
Depuis deux décennies, les approches de déploration ou de réclamation inondent les commentaires sur la situation du cinéma en Afrique subsaharienne, de l’Ouest francophone principalement. La situation est généralement abordée sous l’angle de la production, l’appel récurrent à l’aide de l’Etat de la part de nombreux réalisateurs y contrastant désormais avec le dynamisme de la partie anglophone qui s’est attelée à la reconstruction de ses marchés depuis la fin du XXe siècle. Au-delà du Nigéria (1) ou de l’Afrique du Sud (2), dans nombreux pays à l’Est, comme en Ouganda, au Kenya ou en Ethiopie, le niveau quantitatif de films produits a dépassé depuis longtemps celui de la quasi-totalité des pays européens. La diffusion du cinéma s’y montre dynamique et protéiforme, du video-hall au multiplexe, alors que les salles de cinéma traditionnelles ont massivement ou totalement disparu d’une majorité d’autres pays (Bénin, Cameroun, Congo, Guinée, Togo, etc.) (3) dès le début du XXIe siècle.
Les causes de leur fermeture sont connues et ont été analysées depuis longtemps sans que les conséquences en aient toutefois clairement été tirées au niveau national, régional comme pour le soutien international (4). Au niveau des exploitants, on peut rappeler singulièrement l’absence de professionnalisme, les incompétences techniques et de gestion, les fraudes et malversations, les non renouvellement et investissement dans des équipements, parmi les comportements qui ont accéléré la désaffection du public, la disparition des distributeurs, puis celle des producteurs et donc des films tournés. Au niveau des spectateurs, outre la concurrence extra-sectorielle (VCD, télévision..) amplifiée par la généralisation de la numérisation des données, il convient de rappeler le manque de ressources financières et/ou temporelles, la précarisation d’une large partie de la population, l’accroissement des distances et les difficultés de transport pour se rendre en un lieu qui s’éloigne d’autant plus que l’urbanisation accroit rapidement l’étendue spatiale des villes, l’insécurité permanente en de nombreuses zones, les affrontements armés récurrents en d’autres, mais aussi le poids des coutumes, de certaines religions notamment sur une partie de la population, les femmes essentiellement, etc.
Lire la suite : Le modèle politique et économique du CNA en Afrique